Ils furent forcés de se convertir au christianisme, ce qu'ils firent en apparence mais sans renoncer vraiment à leur foi originelle, ni à leur mode de vie quotidien et en particulier à leurs fameuses séances musicales nocturnes appelées zambras qui indisposaient légendairement leurs voisins chrétiens de souche.
Etant donné ce substrat historique et en y incluant la dynamique de récréation perpétuelle en musique traditionnelle, Marc LOOPUYT fonde le groupe SUSPIRO DEL MORO. Son propos est de relire certains chapitres de la musique populaire andalouse en se fondant sur la conviction de la nécessaire continuité musicale de l'époque de Ziryab (IXème siècle) à celle du flamenco.

LES VOIES CHOISIES SONT:

approfondir la pratique des instruments à cordes du passé de l'Andalousie auprès des maîtres marocains dont maints aspects de la tradition musicale sont parvenus jusqu'à nos jours sans interruption.
associer à ce travail des maîtres arabes de la percussion : Adel Shams El Din, Brahim Msahel et d'autres.
confronter cette quête avec celle de chanteurs flamencos érudits communiant avec l'orientalisme andalou : El Brusco, Paco El Lobo, José Montealegre, Alan Blanès...
rechercher dans les coplas (poésies), les réminiscences mauresques.

LES INSTRUMENTS:

La guitare : reconstruite selon les principes anciens; elle est plus petite, montée de cordes et de ligatures en boyau, barrée sur le modèle du luth et développe une énergie sonore étonnante.
Le kouitra : en voie de disparition en Afrique du Nord, elle est l'exemple type du luth mauresque à cheval entre la lutherie occidentale et orientale.
Le oud : luth arabe dans son acception ancienne : cordes en boyau, plectre en corne, frappe énergique.
Le lothar : luth monoxyle à table en peau subsistant dans le populaire marocain et représenté dans l'iconographie andalouse jusqu'au XIIIème siècle.
Le rabab : vièle à archet d'origine bédouine, ancêtre du rebec médiéval. Encore joué en Espagne sous le nom de rabel.
Les percussions : le pandero espagnol a pour ancêtre le bendir (tambourin à timbre), le tar ou rik correspond à la panderetta, le daf arabe correspond au adouf portugais.

LE PROGRAMME:
Il inclut les genres (palos) du cante flamenco (siguiriya, soleares, tanguillo etc ... ) avec un intérêt pour certains qui tendent à être délaissés aujourd'hui (javera, petenera, zapateado).
Ces formes sont rapprochées de leurs équivalentes dans les musiques populaires du Maghreb : hawzi, chaabi, melhoun, selon les critères de rythme, de mode et de thème poétique.
L'accompagnement croise quelques fois les instruments comme pour le fandango accompagné à la kouitra fretté ou la zambra quand la guitare se veut plus orientale qu'un luth arabe.
L'improvisation instrumentale et vocale fait partie intégrante de la pratique du groupe.

Suspiro del Moro s'est produit :

- Salle Gérard Philippe Villeurbanne
- Festival de Parthenay - Maison de l'Etranger Marseille
- Institut du Monde Arabe Paris
- Festival de la Médina Tunis
- Festival de Casablanca
- Medersa Ben Youssef Marrakech
- Festival de Fès
- Opéra de Lille
- Auditorium Maurice Ravel de Lyon
- Festival de la voix Gueret, - Philharmonique de Bruxelles...

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E1 Suspiro del Moro, le soupir du Maure, est le nom d'un col au sud de Grenade : chassé par les chrétiens, le dernier roi musulman de la ville y pleura sa splendeur perdue. Sa mère prononça alors la fameuse sentence : "Pleure comme une femme toi qui n'as pas su défendre cette ville comme un homme ! "

Cette nostalgie pour un des joyaux de l'art universel est aussi celle qui habite toujours l'esthétique des musiques traditionnelles, même si elle reste discrètement en arrière-plan dans les parties légères des répertoires. Pour éclairer la présente démarche, il voici une mise au point sur les termes importants : "Flamenco" désigne, bien sûr, le répertoire populaire andalou depuis le XVIIIème siècle, mais désigne aussi les artistes dont la philosophie et le mode de vie correspondent aux exigences de cet art "los flamencos" Los Moriscos", les Mauresques, sont précisément ceux des musulmans d'Espagne qui étaient restés en Andalousie après la reconquête chrétienne. Ils furent forcés de se convertir au christianisme, ce qu'ils firent en apparence mais sans renoncer vraiment à leur foi originelle, ni à leur mode de vie quotidien et en particulier à leurs fameuses séances musicales nocturnes appelées zambras qui indisposaient légendairement leurs voisins chrétiens de souche.