Multiples, les Orients de Marc Loopuyt attestent un haut degré de réalisation. Peut-être que les Maghrébins, les Egyptiens, les Syriens ou les Turcs ne s'y reconnaîtront pas, mais c'est que, au-delà des styles, des écoles et des modes, cet alchimiste du 'ud vise avant tout l'essence des choses.


Doté d'une solide technique, sans jamais pourtant céder aux clinquants attraits qu'offre la virtuosité, Marc Loopuyt opte délibérément pour l'intériorité, pour une musique dont l'apparence austère renforcée notamment par l'usage de cordes de boyau et d'un plectre en penne d'aigle ne voile qu'à peine l'irradiation. Portées par les timbres d'un vieux 'ûd arménien, d'une kwitra marocaine ou d'un luth sur mesure fraîchement sorti de l'atelier d'un artisan suisse, ses arabesques finement ciselées dénotent un art exemplaire de l'articulation mélodique, cernant les contours du maqâm avec une précision quasi mathématique. Cette subtilité et cette clarté de langage apparaissent avec un égal bonheur dans le jeu du percussionniste Adel Shams El Din, un véritable orfèvre en la matière.

Laurent AUBERT

 

 
Télécharger cette page en format PDF. Pour ce faire, vous devez avoir Acrabat Reader ou le télécharger en cliquant sur le lien ci-dessus.